Les granulés de bois sont-ils un danger pour les forêts ?
LA FORET EST EN DANGER
Ce qui est faux
La surface de la forêt française et le volume de bois sur pied augmentent chaque année.
En France, comme dans beaucoup de pays d’Europe, on ne récolte que 50% de l'accroissement biologique de la forêt.
La superficie forestière a doublé en 200 ans et le volume des essences feuillues croît davantage que celui des résineux.
Avec 16,9 millions d’hectares, la forêt française occupe 30% du territoire. Son volume de bois sur pied s’est accru de 50% entre 1985 et 2019, période au cours de laquelle le bois-énergie commercialisé s’est largement développé.
Sur les 90 millions de mètres cubes d’accroissement annuel naturel de la forêt française (hors haies et bosquets), un peu moins de 56% sont prélevés.
Ce qui est vrai
La forêt est en danger, mais ce n'est pas à cause de la consommation du bois de chauffage, c'est principalement à cause du réchauffement climatique ce qui favorise des incendies ou des épidémies de scolytes.
Les forestiers s’engagent au quotidien pour entretenir la forêt et garder un bon état sanitaire des peuplements en vue d’assurer leur avenir.
C’est ce qu’on appelle la sylviculture, depuis la préservation des jeunes arbres ou leur plantation, les différentes coupes d'éclaircie et la coupe finale des arbres à maturité. Ces actions sylvicoles sont essentielles au maintien d’une forêt en bonne santé.
En 2017, les incendies ont brûlé au moins 20 000 hectares de forêt. Les 230 membres du service de Défense des forêts contre les incendies (DFCI) de l'ONF anticipent les feux de forêt qui sévissent pendant la saison chaude estivale.
En 2020, en région Grand Est, on estime à 3,3 millions de m3 de bois déclassés (bois qui ont perdu de leur valeur, attaqués par un insecte ou pour une autre raison de dépérissement) dont 1,8 million de m3 d’épicéas.
La forêt est en danger dans certaines zones du monde comme l’Amazonie, le Congo ou l’Asie du Sud-Est. Lutter contre la déforestation est un enjeu mondial pour préserver un important stock de carbone et la biodiversité. D'ici à 2030, la France s'engage à mettre fin à la déforestation causée par ses importations de produits non durables.
LE GRANULES DE BOIS A DU SUCCES
Ce qui est vrai
Le granulé de bois a du succès parce qu’il répond aux attentes des consommateurs sur un grand nombre de points : l'efficacité du chauffage, le prix de l’énergie, la fiabilité et la performance des appareils, le choix d’une énergie renouvelable, naturelle et locale. Plus d'un million de foyers français disposent d'un chauffage principal ou complémentaire au granulé, un chiffre qui augmente chaque année.
Ce qui est faux
Le chiffre = la part du granulé dans le marché français du chauffage représente environ 10%. De plus, le granulé de bois ne représente que 1,44 Mm3 des principales sources de bois énergie soit 5% du volume total.
COUPES RASES POUR FABRIQUER DU GRANULES
Ce qui est faux
Les coupes rases clôturent les cycles forestiers dans les futaies dites régulières, dans lesquelles tous les arbres d'une parcelle forestière sont du même âge.
Aucune forêt française n’est destinée à la production de bois-énergie. L'objectif est toujours de produire du bois d'œuvre.
Lorsqu'une grume de bois d'oeuvre arrive en scierie, environ la moitié est transformée en sciages : planches, poutres, planchers, etc. Les sciures et les différentes chutes de bois sont utilisées pour la fabrication de panneaux, de papiers ou de granulés. Les écorces sont brûlées en chaufferies, ou plus rarement destinées au paillage.
La production d’énergie intervient en bout de chaîne, en venant valoriser un coproduit issu de la fabrication de bois d’œuvre.
Ce qui est vrai
En cas de mort d’un peuplement pour des raisons sanitaires (maladies, parasites, sécheresses, etc.) comme c’est le cas en ce moment dans certaines régions de France, une coupe rase dite « sanitaire » peut être décidée. Quand le bois lui-même est affecté dans sa qualité, la destination énergétique peut être la seule possibilité mais c'est toujours celle qui génère le moins de valeur pour le forestier.
Une coupe rase est l'étape qui clôture le cycle d'une parcelle de forêt conduite en futaie régulière, dans laquelle les arbres ont tous le même âge.
Si on laissait faire la nature (hors changement climatique récent) la plupart des chênaies françaises seraient des hêtraies (le hêtre pousse à l'ombre, dépasse et étouffe le chêne qui pousse à ses côtés)En France, la coupe rase est soumise à autorisation de l'État.
Selon le code forestier, le renouvellement du boisement de la parcelle est obligatoire dans les 5 ans, un délai qui représente un manque à gagner pour le forestier mais qui peut être utile dans sa fonction de "vide sanitaire" dans les régions exposées à des parasites ou maladies.
DES DECHETS POUR FABRIQUER LE GRANULE
Ce qui est vrai
On valorise une matière qui était en effet un déchet il y a encore une trentaine d’années, avant que la filière « granulé » ne se développe. Auparavant, ces « déchets » étaient principalement utilisés par les fabricants de panneaux ou de papier mais leur valeur était très basse voire nulle.
Le plus souvent, le traitement de ces déchets était une charge pour les scieries. Cette matière première : résidus, copeaux ou sciures, pourrait être considérée comme un déchet dans la mesure où elle n’aurait pas d’autre fonction si elle n’était pas aujourd’hui utilisée en bout de chaine par la filière du bois-énergie et du granulé en particulier.
Ce qui est faux
On ne parle plus de déchets aujourd’hui car cette matière première est transformée et donc valorisée. On utilise désormais des intitulés plus adaptés tels que coproduits de bois, connexes de bois ou sous-produits du bois.
Lorsqu’un tronc arrive en scierie, environ 50% est transformé en bois d’œuvre ou en emballage bois et les 50% restants sont des chutes et de la sciure.
C’est ce qu’on appelle les sous-produits de la 1ère transformation du bois qui sont la matière première d’un granulé.
UN BILAN CARBONE PAS NEUTRE
Ce qui est vrai
Le bilan carbone pourrait perdre en neutralité si la forêt n’était pas gérée durablement. Or en France, la forêt est gérée durablement et dans le respect de la biodiversité via des plans de gestion durable ou les labels (PEFC, FSC…). La coupe du bois étant nettement inférieure à l’accroissement naturel de la forêt, le volume de bois disponible augmente tous les ans.
Ce qui est faux
Le CO2 émis lors de la combustion du bois est inférieur à celui que le bois capte durant la croissance de l’arbre : seule une partie est utilisée en bois-énergie, tandis que le reste – le bois matériau – continue, pour sa part, à stocker ce CO2 durant plusieurs décennies.
Si le bois est un puits de carbone du point de vue du climat, c’est parce qu’il permet de cumuler deux « effets de substitution » : le premier effet est lié au fait qu’une partie de l’arbre vient remplacer un matériau plus énergivore et donc émetteur de gaz à effet de serre (béton, acier, plâtre, aluminium, etc.) ; le second effet de substitution se matérialise par le fait que le bois-énergie vient remplacer des énergies fossiles.
OBJECTIF NEUTRALITE CARBONE / FORTE PRESSION SUR LE BOIS
Ce qui est faux
Le dernier rapport du GIEC l'affirme : une gestion durable et une utilisation du bois rendue possible par la coupe des arbres constituent une des réponses à la lutte contre le changement climatique.
C’est la raison pour laquelle la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) prévoit un doublement de la chaleur renouvelable issue de la biomasse entre 2016 et 2028.
La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) fixe un objectif national d’au moins 32% de la consommation d’énergie produite à partir d’énergies renouvelables d’ici 2030.
La programmation pluriannuelle de l’énergie PPE repose en effet largement sur le bois-énergie qui est la première énergie renouvelable de France mais elle n’est pas la seule à répondre aux objectifs.
Les réseaux de chaleur permettent une utilisation plus efficiente de la chaleur. Ils consistent à optimiser l’usage de la chaleur en passant d’un usage individuel à un usage collectif (au sein de la commune ou d’une zone rurale par exemple).
En 10 ans, le taux d’EnR des réseaux de chaleur a doublé et est passé de 31% à 59,4%. En 2019, 6,8 TWh de chaleur produite à partir de bois ont alimenté des réseaux de chaleur, soit 22% du bouquet énergétique.
Ce qui est vrai
La « neutralité carbone » pourrait être remise en cause si la forêt n’était pas gérée durablement, ce qui n’est pas le cas en France.
Aujourd’hui en France, la question de la décarbonation est prégnante mais à ce jour 99% des granulés de bois en France utilisés comme combustible servent à produire de la chaleur.
DE L'ENERGIE POUR FABRIQUER LE GRANULE
Ce qui est vrai
À moins d’aller ramasser du bois mort, en allant le chercher à pied directement en forêt, toute transformation, production et distribution de quelque combustible que ce soit nécessite de l’énergie.
Ce qui est faux
Les outils de production sont de plus en plus performants et utilisent par exemple le système de cogénération. Quand on parle de cogénération, il s’agit de brûler un combustible pour co-générer à la fois de l’électricité et de la chaleur pour le chauffage.
Par exemple, certaines unités de granulation associées à une scierie utilisent les écorces des troncs pour produire de la chaleur qui fera tourner un générateur émettant de l’électricité revendue au réseau ; cela représente moins de 30% de l’énergie produite.
Les 70% restant d’énergie (sous forme de chaleur) serviront au scieur à sécher son bois d’œuvre ainsi que ses sous-produits pour la production de granulé.
LE GRANULE N'EST PAS LOCAL
Ce qui est faux
Le granulé est une énergie locale et c’est un des arguments forts de cette énergie. La distance entre le lieu d’origine de la matière première du granulé et le client final ne dépasse en général pas les 200 km.
Le marché français fonctionne sur un précieux modèle d’autosuffisance justement parce que la France est un pays forestier.
La production en 2020 est de 1,7 million de tonnes. Sa courbe est très proche de celle de la consommation qui est de 1,9 million de tonnes.
Ce qui est vrai
L’import et l’export existent mais ne représentent qu’une faible part des flux et ils se font essentiellement avec des pays limitrophes (Italie pour l’export, Allemagne et Belgique pour l’import).
L’import et l’export jouent le rôle de variable d’ajustement conjoncturelle.
LA FILIERE BOIS ENERGIE CREE DE L'EMPLOI
Ce qui est vrai mais à nuancer
La filière bois-énergie est créatrice de nombreux emplois durables et non délocalisables, particulièrement en milieu rural. Elle constitue aujourd’hui le secteur des énergies renouvelables qui totalise le plus d’emplois en France.
Le bois-énergie crée au moins 40 000 emplois directs et indirects. Il génère 3 à 4 fois plus d’emplois en France que les énergies fossiles.
Grâce au scénario de la transition énergétique et au désir des consommateurs de choisir une énergie renouvelable, la filière pourrait en effet créer plus d’emplois. Des formations se mettent actuellement en place notamment dans le domaine de l’installation d’appareils.
En 2014, Propellet a fait une étude sur l’emploi en France dans la filière « granulé ». Il apparaissait qu’en 2013, cette filière faisait vivre un peu moins de 7000 personnes (foresterie, équipements d’usine, production de granulé, construction, distribution et installation d’appareils).
Parmi les scénarios envisagés, celui qui s’est réalisé a vu la création de plus de 18 000 emplois en 2020 soit environ 1600 emplois par an. L’accélération actuelle du développement de la filière devrait créer 2000 emplois par an pour atteindre près de 40 000 en 2030.
EN CONCLUSION
Le réchauffement climatique peut accélérer la destruction de la forêt (sécheresses, tempêtes, incendies, maladies, etc.).
Une des meilleures manières de protéger la forêt est de l’entretenir régulièrement et de l’adapter au changement climatique. Il faut aussi limiter ce réchauffement climatique en diminuant les gaz à effet de serre et en mettant en place un scénario ambitieux de transition énergétique.
Le bois-énergie fait partie de la solution pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Le développement de cette filière ne peut se faire que de manière raisonnée et intelligente.
La forêt est fragile et forte à la fois, elle ne peut être protégée, puisque c’est elle qui nous protège !
Et l’humain n’a qu’à bien se tenir puisqu’il est également fragile comme tout être vivant. :-)
PETITE VIDEO : LA FORET ENSEMBLE CLIQUEZ ICI
Sources : Propellet / copyright Propellet